Trois officiers de grade de Major ont été interpellés dimanche puis conduits dans un lieu inconnu. Pour cause, refuser d’emmener leurs compagnies en République démocratique du Congo de façon clandestine en passant par la rivière Rusizi. Ils exigeaient de meilleures conditions pour les convois en partance pour la RDC.
Des militaires burundais du 112ème bataillon de Cibitoke révèlent que le moral des troupes est au plus bas.
Ils disent n’avoir aucune motivation d’embarquer clandestinement et de mourir ensuite dans l’anonymat. Ils demandent ainsi plus de transparence et une meilleure organisation comme pour leurs camarades envoyés en mission conjointe de l’EAC.
En effet, des mésententes s’observent ces derniers temps au 112ème bataillon d’infanterie de Cibitoke, entre les officiers qui doivent assurer les opérations sur terrain contre le M23 de l’autre côté de la Rusizi à l’Est de la République démocratique du Congo.
Selon les informations en provenance de la caserne militaire de Cibitoke, un lieu de rassemblement des militaires en partance pour la RDC, les soldats burundais y reçoivent des tenues militaires congolaises et des instructions.
Toutefois, certains officiers manifestent des réticences d’engager les troupes sur un terrain aussi dangereux, selon des sources militaires au camp de Cibitoke.
Ces dernières affirment qu’un officier de la 1ère compagnie de grade de Major aurait refusé de partir avec sa compagnie en RDC.
Deux autres officiers lui ont ensuite emboîté le pas. Ils ont par la suite été embarqués dans un véhicule pour une destination jusque-là inconnue.
D’autres sources militaires plus proches du dossier indiquent que la même situation s’observe également chez les officiers et les soldats de rang. Tous ne voient pas l’intérêt d’aller mourir sur un sol étranger sans aucun intérêt national ni indemnisation.
Ainsi, ils déplorent ladite mission douteuse dans ces termes :
« Certains de nos compagnons d’armes sont déjà tombés sur le champ de bataille et même la hiérarchie militaire cache toutes les informations aux familles des défunts. Le pays n’entend même pas faire honneur aux courageux soldats tués sur le sol congolais et une somme modique de 600 000 francs burundais est donnée comme indemnisation aux familles des disparus », regrette amèrement certains jeunes officiers.
D’après diverses sources concordantes l’agitation est de plus en plus palpable au sein des unités dont la mission est d’aller combattre les rebelles du M23 dans le Nord-Kivu.
Selon toute vraisemblance, les militaires burundais fustigent également les conditions de transport auxquelles ils sont soumis.
La plupart d’entre eux trouve très dangereux le passage dans la nuit vers la RDC, à partir de la rivière Rusizi qui regorge de nombreux crocodiles et hippopotames. Ils doivent partir des localités de Kaburantwa, Gasenyi et la transversale 12 de la colline Rusiga, Kigazura, respectivement des communes Buganda et Rugombo pour effectuer de longues distances à pied.
De l’autre côté, le transport est assuré par des camions pour rejoindre les zones de combat près de la ville de Goma. Ils y arrivent fatigués, ce qui les empêche par ailleurs de bien s’organiser pour mener à bien leur mission.
Quoique l’armée burundaise reste muette sur cette mission et la mort de ses militaires en RDC, elle les enterre. Jeudi dernier, la Force de défense nationale du Burundi « FDNB », a inhumé le plus haut gradé de ses militaires tombé sur le champ de bataille au Congo. Et ce samedi, le M23 a révélé à la presse des militaires burundais qu’il a pris en otage lors d’une conférence de presse organisée à Bunagana, non loin de la frontière avec l’Ouganda, une zone que la rébellion contrôle depuis mi-juin 2022 et qui constitue son Quartier Général « QG ».
Freddy NKURUNZIZA